En février 2010, la tempête Xynthia a démontré que la localisation et la configuration des constructions résidentielles peuvent constituer un piège pour leurs occupants en cas d'inondation par la mer. L'indice V.I.E. propose une approche cartographique pour mieux comprendre cette situation et mesurer la pertinence de stratégies d'adaptation. Il permet :
Cet indice repose sur quatre critères de localisation et de configuration du bâti (figure 1), dont le rôle dans la construction de la vulnérabilité a été démontré (Vinet et al., 2011) :
Pour chacun de ces critères, une note de 0 (non vulnérable) à 4 (très vulnérable) a été calculée pour chaque construction étudiée. Une formule a été mise au point afin d'agréger et de pondérer ces notes pour attribuer à chaque construction une valeur finale (Indice V.I.E.) qui va de 0 (non vulnérable) à 12 (très vulnérable).
Les résultats ont été cartographiés suivant 4 classes :
Une validation statistique a permis de confirmer la robustesse de l'indice. Les résultats ont également été confrontés avec les retours d'expérience de la tempête Xynthia et ont montré une grande cohérence entre les constructions identifiées en Classe D par l'indice et les constructions où des décès avaient effectivement été enregistrés lors de l'événement (Creach et al., 2015).
La validation du critère a été réalisée sur les trois communes de la baie de l'Aiguillon durement impactées lors de Xynthia et une analyse prospective a été menée sur les communes de l'île de Noirmoutier.
À partir de ce diagnostic initial de la dangerosité du bâti pour les occupants, différentes stratégies de réduction de la vulnérabilité ont été proposées :
Ces différentes mesures permettent d'agir sur l'un des critères de l'indice et donc de le recalculer et de produire de nouvelles cartes de vulnérabilité. Il est donc possible de comparer l'action de chacune de ces mesures par rapport au diagnostic initial de la vulnérabilité. Bien évidemment, chacune de ces mesures a un coût de mise en œuvre (coût d'investissement) ainsi qu'un coût d'entretien dans le temps. L'intérêt est donc d'identifier, au cas par cas, les mesures qui présentent le meilleur rapport entre le gain de réduction de vulnérabilité et la somme investie.
Le scénario retenu pour l'application de la méthode est basé sur un niveau marin à 4,20 m NGF*, soit la valeur retenue dans le cadre de la réalisation du PPR*.
La méthode d'inondation « statique » employée (superposition topographie/niveau marin), couplée à la « transparence » des digues, conduit à surestimer les hauteurs d'eau (Breilh et al., 2013), paramètre qui influe sur le nombre de constructions retenues dans le calcul de l'indice et qui majore le résultat du critère relatif aux hauteurs d'eau à l'intérieur des constructions (figure 2). Cela est particulièrement vrai pour des surfaces inondables importantes telles que des zones de marais (Breilh et al., 2013).
Pour limiter cela, il faudrait recourir à l'utilisation de modèles hydrodynamiques intégrant la simulation des écoulements, couplés à des modèles probabilistes de rupture de digues (Di Mauro et Lumbroso, 2008 ; Bertin et al., 2014). Ces modèles sont plus réalistes, mais néanmoins onéreux et requièrent des compétences techniques (Ramirez et al., 2016). De plus, ils reposent sur des hypothèses qui peuvent différer selon les événements que l'on souhaite modéliser (coefficients de rugosité ; nombre, largeur et chronologie des brèches). L'utilisation d'une méthode statique permet de s'affranchir de ces hypothèses. Elle permet de traiter de manière égalitaire l'ensemble des constructions situées en zone inondable et donc de centrer le diagnostic plus sur la vulnérabilité que sur l'aléa. Un compromis pourrait être l'utilisation de la méthode alternative proposée par Breilh et al. (2013), pour laquelle l'estimation des volumes franchissant permet une évaluation plus réaliste des surfaces inondées et des hauteurs d'eau.