Cette mesure propose un double objectif : renforcer la conscience du risque à travers l'information et la formation, ainsi qu'encourager les évacuations préventives. Pour cela, plusieurs actions peuvent être mises en place.
La voie réglementaire est un levier essentiel : l'adoption d'un PPR* permet de limiter l'augmentation de la population dans les zones à risques dans le futur ou, tout du moins, de limiter leur exposition par l'application de prescriptions architecturales par exemple. Corrélé au PPR, la réalisation d'un PCS* permet de préparer en amont la gestion de crise, en identifiant les secteurs d'interventions prioritaires, la localisation des personnes peu mobiles, les bâtiments pouvant accueillir les personnes évacuées et la répartition des tâches.
Pour rendre cette phase de gestion de crise plus efficace, des exercices préventifs d'évacuation peuvent être proposés, regroupant la population, les services de secours, les élus. Ceci permet à la fois de sensibiliser l'ensemble de la population et de faire connaître à chacun les comportements adéquats à adopter afin de limiter sa propre exposition. C'est un facteur essentiel pour limiter le nombre de victimes (Parker et al., 2009). Néanmoins, l'adoption de ces mesures ne garantit pas le succès d'une évacuation préventive. Priest et al. (2007) signalent que sur dix-sept inondations ayant fait l'objet d'une évacuation officielle, le départ effectif des individus a varié entre 2 et 95 %. Jonkman (2007) considère qu'un maximum de 95 % de la population évacue en cas d'alerte préventive. Malgré l'alerte, certains individus peuvent rester sur place, par choix ou par nécessité (Priest et al., 2007 ; Parker et al., 2009).
Il est donc difficile de quantifier le succès de l'évacuation (Parker et al., 2009). De plus, une alerte tardive peut avoir un effet négatif si les individus évacuent trop tard et sont pris au piège de l'inondation (Priest et al., 2007).
Il est donc pertinent d'accompagner les actions proposées ci-dessus de mesures complémentaires permettant aux personnes restées sur place de pouvoir se réfugier en dernier recours.
Des plateformes refuges pourraient être installées dans les zones potentiellement inondables afin que chaque construction soit située à moins d'une certaine distance de ces lieux surélevés. Ainsi, ces structures offriraient un ultime recours pour les personnes restées sur place. De telles structures existent (Figure 15) pour des inondations d'origine fluviale. Pour les individus restés à domicile, la possession d'un « kit d'attente des secours » pour une durée de trois jours, tel que proposé par le Ministère*, permet d'attendre chez soi une intervention des secours sans être complètement démuni.
* voir : https://www.gouvernement.fr/risques/preparer-son-kit-d-urgence
Les diverses actions entreprises dans le cadre de cette mesure affichent un coût total de 2 millions d'euros, auxquels on doit ajouter 85 000 € de provisions annuelles.
Ces sommes comprennent l'installation de 17 plateformes refuges, la distribution de 1 435 « kits d'attente des secours » ainsi que la réalisation des documents réglementaires nécessaires et la réalisation d'exercices d'évacuation. La mise à jour tous les 5 ans des documents réglementaires et le renouvellement à intervalle régulier des exercices d'évacuation, ainsi que l'entretien des plateformes refuges, justifient de provisionner annuellement les montants nécessaires.
L'impact de l'installation des plateformes refuges sur la distance des constructions aux zones refuges est sensible. Sur l'ensemble des constructions situées dans des zones potentiellement exposées au risque de submersion marine, 87 % des habitations se trouvent ainsi situées à moins de 100 m d'une zone refuge, contre 55 % auparavant.
La mesure n'influe que marginalement sur la dangerosité des constructions puisque le faisceau d'actions proposé ici a avant tout pour objectif de faciliter l'évacuation préventive et donc de réduire le nombre d'occupants présent en cas d'inondation. Le nombre de constructions les plus vulnérables connaît une baisse de 5 % alors que les populations protégées augmentent de 75 %. On observe tout de même que l'installation de plateformes refuges permet de faire baisser la part des constructions se trouvant à plus de 100 m d'une zone refuge de 28 % à 8 % (figure 16).
Méthode :
Le coût (c) est rapporté au montant de la mesure la plus onéreuse (raser les maisons les plus exposées en classe D de l'indice V.I.E. qui représente 100 %).
L'efficacité sur les constructions (b) exprime la part des constructions dont le niveau de vulnérabilité baisse significativement par rapport à la situation sans mesures.
L'efficacité pourà protéger les populations (a) exprime la part de population théoriquement protégée grâce à la mise en œuvre de la mesure par rapport à la situation sans mesure.